Le Dernier Arbre, Tim Gautreaux

Une plume sèche, le bayou, un western du fin fond de la Louisiane, voilà ce qui m’était promis en attaquant le premier roman de Tim Gautreaux.

La promesse est-elle tenue ? Moyennement dirai-je. C’est un bon roman, ça se lit bien et certains passages sont même très réussis mais il m’a manqué un je-ne-sais-quoi qui l’aurait placé dans la catégorie des Grands Romans.

Les frères Aldridge, Byron et Randolph sont les fils d’un riche négociant en bois de Pittsburgh mais la Grande Guerre est passée par là… Byron a combattu les allemands, il est rentré détruit de son expérience en Europe et noie dans l’alcool ses traumatismes. Constable dans une scierie de Lousiane, leur père envoie Randolph pour le retrouver et le ramener à la maison, si possible à la raison par la même occasion. Randolph devient directeur de la scierie et les ennuis commencent : Byron est adepte du pistolet, sauf que les propriétaires du saloon de l’exploitation  sont des gangsters menés par Buzetti, un infâme mafieux Sicilien (pléonasme ?).

Tout le roman est une montée en puissance vers un affrontement inéluctable entre les frangins et la mafia. La violence est omniprésente et l’ambiance moite de ces sordides marécages est particulièrement bien rendue, certains passages sur la musique ou sur le thème de la paternité sont même touchants.

Malgré ces qualités, le livre traine un poil en longueur et j’ai eu du mal à m’attacher aux héros, notamment Randolph. J’ai trouvé la plume de Tim Gautreaux assez inégale : parfois lyrique et bouleversante, parfois plate.


L’essai est donc à moitié transformé, mais les quelques fulgurances de Tim Gautreaux m’ont assez séduit pour ouvrir un autre roman de l’auteur.


Publié par Lux

Cœurs solitaires, John Harvey

J’aime les chats, le jazz et me nourrir de sandwiches. Si vous êtes lecteur de polars, romans noirs et autres réjouissances littéraires, vous savez de qui je parle. Ou vous quittez ce blog sur le champ.

Si vous lisez cette ligne, c’est que vous êtes toujours là, et ça tombe plutôt bien parce que j’ai des choses à vous dire au sujet du Sir Harvey. Je fais le malin mais je l’ai découvert que tout récemment, grâce à Jean-Marc Laherrère et son blog actu du noir a qui je rends grâce.

Cœurs solitaires est le premier tome d’une série de douze mettant en scène l’inspecteur Charles Resnick de Nottingham. Dans cette première enquête, ce bon Charlie bosse sur une série d’assassinats dont les victimes sont des femmes, super original me direz-vous…

Sauf que, il y a la plume de John Harvey ! Et comme souvent, l’histoire, bien que solide, n’est qu’un prétexte. Nous faisons la connaissance de Charlie, inspecteur d’origine polonaise, looser, humaniste et génial, ainsi que son entourage, ses collègues et Rachel Chaplin sur laquelle je ne dirai rien de plus. Le style est délicieusement british, précis et teinté d’un humour noir qui m’a plusieurs fois arraché un sourire.

J’ai adoré ce premier tome et j’ai hâte de retrouver Charlie auquel je suis déjà très attaché.


Publié par Lux

L‘homme du verger, Amanda Coplin

Amanda Coplin est née en 1981 dans l’état de Washington et a grandi au milieu des vergers de son grand-père. Elle est l’auteure de plusieurs nouvelles parues dans des revues et L’homme du verger est son premier roman.

Et pour un premier, quel style et quelle finesse ! L’histoire se déroule à l’aube du XXème siècle à Wenatchee au Nord-Ouest des Etats Unis. Talmadge vit paisiblement dans son verger jusqu’au jour où deux fillettes y font irruption. Ils vont tenter de s’apprivoiser, de se faire confiance, de s’aimer. Leurs vies basculent lorsque le passé de deux sœurs refait surface.

L’homme du verger nous conte les liens qui unissent les gens entre eux. D’une beauté incroyable, l’écriture est limpide et raffinée, l’histoire oscille entre suspens et émotion et au fil de la lecture je me suis laissée embarquée par ce récit hors du commun. La force de ce livre c’est sa lenteur, il n’y a pas d’enchainement de péripéties et on ne sait pas où l’auteure va nous amener mais on se laisse aller au fil des pages. 

Pendant toute ma lecture j’ai entendu une musique qui s’échappait des mots, une mélodie douce et mélancolique. La sensibilité transpire de ce roman sans jamais tirer vers la tristesse, même si l’histoire n’est ni gaie ni optimiste et c’est là le coup de génie !







Publié par Coraline

Zombi, Joyce Carol Oates

Zombi est présenté sous la forme d’un journal intime, écrit par Quentin P., 31 ans, accusé d’agression sexuelle sur un mineur. Il a une famille, proche de lui, qui ne croit pas à cette accusation, un travail, un logement. Mais Quentin a aussi des pulsions, d’obsédantes et macabres pulsions. Il nous les fait découvrir au fil d’un récit sans concession.

L’écriture de Joyce Carol Oates parvient à montrer l’irrationalité de la folie : Quentin saute du coq à l’âne, ses pensées sont tellement sombres et sans limites, rien ne peut l’empêcher de les réaliser. Il ne sait même pas si c’est « mal ».

Ce qui m’a poussé à lire ce livre c’est ma volonté de comprendre comment il est possible d’être à la fois un gentil frère, fils, petit fils et un bourreau pour les autres.

L’esprit peut-il être sain et basculer dans l’horreur l’instant d’après ? J’ai été déçue que le livre ne traite pas réellement ce sujet, il nous expose platement les pensées de Quentin sans les analyser.

Je me questionne encore sur le sens d’un tel roman : pourquoi l’avoir écrit ? Peut-être, comme pour la folie, qu’il n’y a tout simplement rien à comprendre. 




  Publié par Coraline

Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson

Sylvain Tesson est malade. Il est addict aux aphorismes, formules, obsédé par le mot juste à la juste place. Et je dois dire que c’est assez impressionnant, surtout quand il met cette manie au service d’une expérience incroyable : 6 mois dans une cabane en bois sur les rives du Lac Baïkal.

Je l’avoue, jusque-là je n’avais jamais rien lu du sieur Tesson, l’apercevant ci ou là, au détour d’un plateau télé. J’ai toujours trouvé qu’il était sacrément intéressant : aventurier, explorateur, écrivain etc. etc.

« On dispose de tout ce qu'il faut lorsque l'on organise sa vie autour de l'idée de ne rien posséder. »

Le récit qui nous est présenté, c’est le carnet de voyage de Sylvain, qu’il écrit au jour le jour et dans lequel il relate les événements autant que les pensées et autres réflexions sur la vie, l’homme et la nature. Je me demandais, étant plutôt lecteur de roman, je ne m’ennuierai pas à la lecture de cet essai/récit. Pas le moins du monde !

« Usage de la fenêtre : inviter la beauté à entrer et laisser l'inspiration sortir. »

En étant un peu et volontairement provoc’, je pourrais dire que Dans les forêts de Sibérie ne raconte absolument rien. Et c’est vrai, tout aussi qu’il raconte tout. Sylvain Tesson a voulu vivre cette expérience en forme de retour à l’essentiel c’est-à-dire à des besoins et désirs plus modestes, au silence, à la solitude, à la nature. Cette dernière est d’ailleurs le personnage principal du récit : souvent hostile, dangereuse autant que magnifique, c’est la nature qui rythme la vie sur les rives du Lac Baïkal.

Pêcher, explorer, couper du bois, voilà les activités principales de Sylvain Tesson. Vous y ajoutez quelques visites de ses voisins (à un ou deux jours de trajets) et gens de passages, vous obtenez le quotidien de ces 6 mois de retraite. Seule compagnie : deux chiots donnés par des amis russes.

« La pluie a été inventée pour que l'homme se sente heureux sous un toit. »

La solitude est donc, si j’ose dire, omniprésente. C’est dans ces longues plages de temps, où dans l’impossibilité de mettre un pied dehors à cause du froid et des tempêtes de neiges, Sylvain Tesson assis devant sa fenêtre médite et écrit sur la vie. Et j’en reviens à mon début de chronique (oui, c’était prévu !), l’art de Sylvain Tesson de créer des formules, adages, aphorisme est impressionnant. Pour chaque événement, chaque enseignement sa maxime. Ces pensées amènent beaucoup de poésie dans son récit et le plaisir du lecteur en est renforcé, la profondeur de l’expérience décuplée.

« Et si la liberté consistait à posséder le temps? Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures? Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu »

J’ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre, j’y suis rentré plein de curiosité, attiré par le personnage public de Sylvain Tesson et j’ai découvert un homme intelligent et émouvant. J’ai vécu avec lui cette retraite de 6 mois qui encourage tout un chacun à resserrer sa vie vers l’essentiel la simplicité, la lenteur, trop rare lenteur.

Merci Monsieur Tesson ! 


Publié par Lux

Le Monde de Sophie, Jostein Gaarder

Le Monde de Sophie a été écrit par Jostein Gaarder, écrivain et philosophe norvégien. Publié en 1991 en Norvège et quatre ans plus tard en France, Le monde de Sophie a été écrit par Jostein Gaarder, écrivain et philosophe norvégien. Publié en 1991 en Norvège et quatre ans plus tard en France, il a été traduit en 54 langues et connu un grand succès.

Le monde de Sophie est décrit comme un roman initiatique qui met en scène une jeune Sophie, 14 ans, qui découvre au fil des pages l’histoire de la philosophie. Pour ma part, cette description n’est pas conforme, j’ai trouvé qu’il y avait une fracture entre l’intrigue narrative et l’exposition des thèses philosophiques là où un roman initiatique s’inspire et fait éclore un message de la narration. J’ai eu l’impression d’avoir affaire à deux livres à la fois.

Dans un premier temps je vais vous parler du côté « roman ». C’est l’histoire de Sophie Amundsen, elle est à l’aube de fêter ses quinze ans et reçoit des lettres d’un mystérieux expéditeur. Le premier courrier est intrigant, il y est inscrit une seule phrase « Qui es-tu ? ». Les suivants auront la même vocation, celle d’amener Sophie à se questionner sur elle, sa vie et le monde. Nous suivons au fil des pages son avancée jusqu’à la découverte de qui écrit ces lettres et pourquoi.

J’ai trouvé ce récit ennuyeux, long et inutile. L’intrigue est tirée par les cheveux et ne met pas en exergue les propos philosophiques. L’idée est super de découvrir la philosophie par le prisme d’une petite fille, elle incarne l’innocence et l’émerveillement. J’aurai préféré que le récit soit plus simple, moins tortueux cela m’aurait permis d’avoir une lecture plus fluide et plus agréable.

Dans un second temps, Le monde de Sophie  nous raconte l’histoire de la philosophie, de sa naissance aux auteurs contemporains. J’ai trouvé cette « partie » réussie dans le sens où les propos sont très clairs et donc les courants philosophiques facilement compréhensibles. Il y a un enchainement logique dans l’histoire de la pensée et les différentes thèses et différents points abordés en philosophie sont tous liés entre eux et découlent les uns des autres. J’ai aimé retrouver cette continuité, qu’il me semble est trop souvent oubliée dans les cours de philosophie.

Je recommande ce livre aux gens qui notamment veulent avoir une vue d’ensemble de la philosophie et comprendre les rouages de la pensée. Je pense qu’il peut être utile aux personnes qui passent les concours de l’enseignement et enfin je vous suggère de le lire jeune pour ne pas être freiné par la partie narrative.


 Publié par Coraline

Un regard sur le roman policier et son histoire

Ce terme « roman policier » est utilisé, fréquemment, pour désigner, de manière restrictive, une  littérature d’abord facile, proche du « roman de gare », si pratique pour éponger les heures de train fastidieuses par une lecture sans effort à qui l’on ne demande guère d’enrichir l’esprit. Aujourd’hui, on utilise le terme « polar » qui désigne, à la fois, le roman policier et les films que l’on peut en tirer. Il est intéressant de noter que le mot « polar » a pris sa place dans notre vocabulaire en s’implantant dans nos dictionnaires. Le Petit Larousse, que je fréquente sans retenue, n’a pas trouvé, ou n’a pas voulu s’interroger sur l’étymologie du mot. Cette recherche fut pourtant tentée par Audrey Bonnemaison et Daniel Fondanèche dans leur essai, Le Polar, Idées reçues. Aux yeux de ces deux chercheurs le mot « polar » viendrait du grec polis qui « désigne à la fois la cité, les institutions et la ville ». Cela ne permet pas, pour autant, de définir ce qu’est exactement le roman policier, ou polar. On s’aperçoit, en effet, que ses terrains d’actions sont des plus divers. Il peut proposer une ou des énigmes à la déduction ou, encore, vous soumettre une étude sociale ou psychologique ; il peut être suspense ou thriller, étude de mœurs, roman noir, récit d’aventures, chronique sociale ou politique-fiction. Chacune des ces propositions demanderait une étude particulière. En fait, aux yeux des spécialistes, le roman policier ou polar n’a pratiquement plus de frontières, il s’attaque à tout ce qui, dans notre société, peut provoquer l’angoisse, la peur et déclencher en chacun d’entre nous le doute, les obsessions, la crainte de l’autre. Et nous savons que l’impensable peut arriver et être vécu.

J’ai été surpris de découvrir que certain voit naître le roman policier dans l’Œdipe roi de Sophocle alors que, plus couramment, on désigne comme point de départ le Zadig de Voltaire, en 1748, une base de qualité.[1] De même dans les tous premiers ouvrages que l’on puisse classer « roman noir » le Frankenstein de Mary Shelley (1818). Une autre contestation verrait en précurseur du genre l’écrivain britannique Thomas de Quincey qui, à partir de 1827, présenta une œuvre, en quatre parties, s’intitulant de l’assassinat considéré comme un des beaux-arts. Le point final de cette série était déposé en 1854.

Mais, en avril 1841, était apparu l’homme qui allait mettre en place l’assise du genre. L’Américain Edgar Poe publiait alors Double assassinat dans la rue Morgue que devait traduire, pour la France, Charles Baudelaire. En fait, le roman policier semble naître avec la Révolution industrielle et l’extension de la pauvreté urbaine. La bourgeoisie avait peur de cette « classe laborieuse » qui lui apparaissait comme « classe dangereuse ». Cette peur vous pouvez la retrouver à la lecture des Mystères de Paris d’Eugène Sue. C’est aussi la période des Mémoires de Vidocq (1848), l’ancien forçat devenu chef de la police qui inspirera le Corentin d’Honoré de Balzac, le Javert de Victor Hugo et le Salvador de Dumas. Nous avions là les remparts de la propriété, des policiers qui utilisaient déjà l’intelligence avant la force. Et puis, le développement de la presse provoquait l’apparition des romans feuilletons friands de faits divers et obtenant un franc succès auprès des lecteurs. Cela s’opérait d’abord par les journaux qui assuraient, en permanence, la « suite au prochain numéro ». Il était, en effet, plus facile, et moins onéreux, d’accéder de cette manière à ce privilège que tous ne pouvait pas connaître : la lecture. Le succès de cette diffusion est évident. Les journaux les plus lus sous la « monarchie de juillet » comptent entre 20.000 et 30.000 abonnés. Ils passeront à plus de quatre millions d’exemplaires en 1914.

Pour Jean Tulard[2], ces romans populaires écrits par de petits ou moyens bourgeois sont lus par le public ouvrier mais aussi, évidemment en cachette, par le monde bourgeois qui affiche pourtant un évident dédain pour une telle littérature. Celle-ci se veut très diverse allant du roman historique, le plus souvent de cape et d’épée, en passant par le roman d’aventure, le roman policier, le roman d’espionnage, d’anticipation ou de science-fiction.

Aujourd’hui, les distractions proposées se sont multipliées. Les journaux illustrés de ma jeunesse ont explosé ; la bande dessinée permet maintenant de s’attaquer à tous les sujets : Histoire, Philosophie, Vulgarisation. Elle force toutes les portes et fait sa place jusque dans le monde de l’éducation. De plus, la numérisation des livres et l’emploi simplifié de la liseuse vous permet de posséder, pour ceux qui le désire, une bibliothèque ventripotente d’un tel embonpoint qu’un lecteur normalement affamé n’aura pu en venir à bout au terme de son existence.

Revenons en arrière, à l’aube de mes dix ans ; la Seconde Guerre mondiale se déclarait. Je suis né dans une famille des plus modestes qui, en 1940, devait posséder, en tout et pour tout, deux bouquins, l’un, dont je ne puis me souvenir du titre, l’autre, une enquête sociale sur l’affaire Saco et Vanzetti, qui se déroula dans les années vingt. Autre outil, présent et beaucoup plus usité : le dictionnaire Larousse en deux volumes. Combien de fois, partant à la recherche d’un mot mal connu, me suis-je perdu, parfois pour des heures, dans ces pages qui semaient et sèment encore la culture à tous les vents. J’ai toujours aimé lire. Mes parents répétaient alors que je lisais n’importe quoi, les publicités, pourtant rares à l’époque, mais aussi les fascicules que ma grand-mère achetait, de façon hebdomadaire, nous livrant, entre autres, les Misérables à la petite semaine. La littérature populaire, j’en ai eu ma dose. En ce temps-là, le lycée ne nous semblait pas approprié, et le bac, tout auréolé de sa valeur, non encore soupçonnée, apparaissait hors de notre portée. Nous restions au niveau brevetable à l’aune du Cours Complémentaire. Là, nous tâtions de la dissertation sans notion de philosophie et la rédaction nous était le plus souvent demandée. L’étude de texte se resserrait automatiquement sur François Villon, Corneille, Racine, La Bruyère, Molière, Lamartine, Chateaubriand, Victor Hugo… Cela, toutefois, ne nous permettait pas de nous prendre pour des littéraires.

Un temps d’occupation, une période de disette… Le papier, rationné au niveau de l’édition courante, était fébrilement et secrètement recherché par la Résistance pour ses opérations d’information et de désintoxication. Je me souviens des petits fascicules bon marché des éditions Tallandier. Ce furent là mes lectures. Actuellement, chaque entrée littéraire déverse sur les libraires un important flot de bouquins de valeurs inégales. Nous n’avions pas cette chance.

Rappelons-nous, même si cela n’a pas un rapport direct avec la lecture, que, en cette période des années 40, la vie, pour la plupart d’entre nous, restait encore d’un niveau primaire. Alors, ma famille, comme bien d’autres, vivait sans salle d’eau, ni douche, sans water à l’intérieur du logement ce qui entrainait, le plus souvent, l‘emploi de seaux qui n’avaient d’hygiéniques que le nom. La lecture, dans ce milieu inconfortable, se révélait comme un refuge.

Ce ne fut qu’à la Libération du territoire qu’une ouverture put se faire. Une amélioration se ressentait dans les milieux sociaux et familiaux. A cette époque, les auteurs les plus faciles d’approche étaient : Victor Hugo, Alexandre Dumas, Émile Gaboriau, Conan Doyle, Maurice Leblanc, Agatha Christie, Simenon, Peter Cheney, Valentin Williams, et puis, aussi Maxence Van Der Meersch ainsi que Hervé Bazin, Franck Slaughter ou A.J. Cronin. La collection « Le masque » voyait le jour. J’avoue que je n’ai pas lu Proust, ni Albert Camus, ni Freud, ni Karl Marx.

Le retour à la vie normale faisait apparaître les évolutions que cinq ans de guerre avaient mis en attente : évolutions sociales, économiques mais aussi dans l’édition. C’était, en particulier, la création de la « Série Noire » qui, délaissant quelque peu le problème policier, s’ouvrait au climat social, à sa rigueur, sa cruauté. La littérature américaine nous parvenait avec bien du retard. D’après mes souvenirs, je peux avancer que l’accueil fut assez réservé. A noter, toutefois, pour détendre l’atmosphère les pastiches d’un certain Marcel Grancher, écrivain lyonnais et précurseur de San Antonio, qui s’inspirait du roman Pas d’orchidée pour Miss Blandish, de James Hadley Chase, pour proposer Pas de bégonia pour Madame Dugommier mais aussi, Douze souris et un Auvergnat face à Douze chinetoques et une souris, du même auteur, ou, encore, Ce mec est contagieux, pastiche de Cet homme est dangereux de Peter Cheney. Dès cette époque, je commençais à m’intéresser à l’Histoire qui allait occuper pas mal de mon temps dans l’avenir.

Aujourd’hui, le « Noir » se porte bien. Fini le corsetage du roman policier dans les règles de Van Dine. On retrouve la vie de tous les jours à notre portée avec le « fric » qui file entre les doigts, quand il n’est pas corrupteur et qui, bien souvent, partage l’actualité avec le sexe ; il y a quelques temps encore certains sujets apparaissaient encore comme tabou. Il en était ainsi pour le viol, la pédophilie, l’inceste, tous ces ingrédients du sexe pratiqués dans le secret à pleine bouche mais du bout des lèvres. Le polar actuel rejoint la réalité quotidienne et ne s’embarrasse plus des préjugés dépassés. Peut être, peut-on regretter que, parfois, il aille trop loin dans la brutalité, voire la bestialité. De plus, il nous parvient des quatre coins du monde. Les US sont aujourd’hui débordés par les pays nordiques. Le roman policier ne se contente plus d’être la simple énigme à déchiffrer, sous la forme de polar il devient le reflet d’une société que nous redoutons, celle des hommes qui entendent la soumettre à l’argent et au sexe, inséparables même dans la démesure.

Mais peut-on accrocher lectrices et lecteurs par l’honnête transparence d’une utopique société honnête et pure.

D’ailleurs qui, à part moi, peut se targuer de ne point posséder un quelconque secret ?





  Publié par Jacques




[1] Article de Paul Mesplède, Encyclopædia Universalis, Policier (Roman), 2016
[2] Encyclopédie Universalis, Roman Populaire, 2016 

La Religion, Tim Willocks

J’adore le son saturé de la guitare électrique.

Mais ce que je préfère encore, c’est les nuances, les silences, les montées en puissance. Quel est le rapport avec le bouquin de Tim Willocks ?

Tout ! Absolument tout.

Tim Willocks est anglais, né en 1957, médecin, chirurgien, psychiatre, spécialiste des drogues, ceinture noire de karaté, fan de poker, oui, tout ça. Tout semble démesuré avec Tim Willocks et La Religion ne fait pas exception. Mais de quoi parle ce gros (énorme) roman ?

« Et Tannhauser sut, à cet instant (...), que c'était le hurlement primal du plus profond de son cœur. Le hurlement qui faisait écho aux millénaires. C'était la voix d'un dieu dont le pouvoir avait été ancien quand toutes les autres déités n'étaient pas encore nées, dont la domination subsumait toutes les fois et les croyances plus faibles, et dont le règne verrait toutes les autres idoles se changer en poussière. C'était l'ordre de s'agenouiller devant l'autel de la guerre. Une invitation à soulager cette soif qui affligerait toujours les hommes, et qui ne serait jamais complètement étanchée. »

1522. Mattias Tannhauser est mercenaire, trafiquant d’armes et d’opium, ancien janissaire et chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem autrement appelé La Religion. Il gère tranquillement ses affaires mais l’invasion turque est imminente. Envoyée s’emparer de Malte par Soliman le Magnifique, commandée par le pacha Mustapha et l’amiral Piyale, l’armée ottomanes arrive.

En tant qu’ancien janissaire et fin connaisseur de l’art militaire turc, Tannhauser est demandé par le Grand Maître de l’Ordre des Hospitaliers, Jean Parisot de La Valette. Retraité de guerre, Mattias est contraint de réendosser son armure. D’autant qu’il est parallèlement mandaté par Carla La Penautier, duchesse d’Aquitaine, pour retrouver son fils sur Malte, raison supplémentaire de rester et combattre. Enfin, l’Inquisition est également de la partie avec le terrible Ludovico qui souhaite démanteler La Religion et la plier aux volontés papales. Intrigues et manipulation au programme.

Voilà comment Tim Willocks va nous faire vivre le Grand Siège de Malte, 600 chevaliers chrétiens, 1200 mercenaires italiens et espagnols, 4000 hommes de la milice maltaise retranchés dans les forts Saint-Elme et Saint-Ange pour faire face à 45000 turcs pendant 5 mois. E-P-I-Q-U-E.

« En abandonnant les rangs des janissaires, tant d'années auparavant, il avait abandonné une partie de son âme ; mais s'il ne l'avait pas fait, il aurait perdu l'intégralité de son âme, car tel aurait été le prix des sombres exploits qu'on exigeait de lui. Même si leurs fifres et leurs tambours lui remuaient encore le sang et le cœur, il faisait maintenant face à ses anciens frères sur le champ de bataille. La poitrine et la gorge serrées, il attendait un son qu'il n'avait jamais entendu mais avait seulement proféré. Les terribles Lions de l'islam allaient rugir. »

Et alors ? C’est bien La Religion ?

C’est un bon roman, je ne lis pas 900 pages d’un bouquin sans intérêt. Mais j’en sors déçu. D’une part parce que le buzz qui l’avait précédé m’a sans doute faussé la donne. D’autre part, le gros défaut selon moi du roman, et j’en reviens à mes guitares électriques, c’est l’excès de tout. Je m’explique.

« Elle avait découvert la paix qui vient avec l'immersion dans la souffrance. C'était une paix étrange, une paix horrible, une paix que l'on n'aurait souhaitée à personne, car les victimes de la guerre en payaient le prix. Vulnérables et sans recours, ils étaient absous de toute méchanceté - de tout sauf du courage et de la foi les plus primitifs - et ils reconquéraient l'innocence de l'enfant. Etre blessé révélait quelque chose de l'âme d'une personne, d'une manière interdite à toute autre, et ce que cela révélait était quelque chose de merveilleux, quelque chose de noble, quelque chose qui, malgré l'agonie, la saleté et l'humiliation, contenait plus de véritable dignité que tout ce qu'elle avait pu voir de sa vie. »

Tim Willocks a un style riche, dès les premières pages j’ai été saisi par cette impression d’opéré, de baroque, d’épique. Le prologue commence très très fort. Sauf que la tension et l’intensité voire la densité ne redescendent jamais ! Tous les curseurs sont poussés à l’extrême, c’est beau, démesuré, violent, gore avec du bruit, du sang, du sperme. Et tout le temps. J’ai manqué de nuances, de fluctuations, de montées en puissances, le volume est à fond pendant 900 pages, ce qui a fini par me lasser et me rendre indifférent au sort des personnages dont la plupart sont très « bigger than life », Mattias en tête. Il a tout fait, tout vu, il est beau, fort, intelligent, violent, amoureux…

C’est vraiment dommage ! Comme je l’ai dit plus haut, c’est un bon roman mais qui aurait dû être bien meilleur et marquer par son côté mythique et épique. La Religion aurait pu être une épopée extraordinaire et j’ai l’impression d’avoir écouté un concert assourdissant de guitares électriques saturées pendant des jours.


Dommage.


Publié par Lux

La Trisresse du samouraï, Víctor del Árbol

Ce que l’on sait est que l’auteur est un policier en activité.

Au départ, un flash : une femme élégante, accompagnée de son fils cadet attend le train pour s’enfuir. Nous sommes en Espagne franquiste. Cette femme est l’épouse d’un phalangiste proche du dictateur. De cette simple trame vont pointer divers petits fils qui, tirer les uns après les autres, vont découvrir la haine, la trahison, le pouvoir et l’injustice qui peut être sienne mais aussi la mort. Les années ne désarme pas la vengeance. La culpabilité se transmettra comme un héritage. Nul ne peut être totalement innocent.

Voilà bien, pour moi, un roman piège qui vous capture, même par ses retours en arrière que je déteste pourtant. On dévore ce thriller à grandes bouchées pour se retrouver, tout étonné, à la page ultime.

Un livre cruel, tortueux comme ses acteurs, mais un livre que l’on ne pourra oublier.



 Publié par Jacques

La Face cachée des GI’s, J. Robert Lilly


J. Robert Lilly est professeur de sociologie et de criminologie à la Northern Kentucky University, aux États-Unis, et professeur invité de sociologie et de politique sociale à l’Université de Durham, en Grande-Bretagne.

Cette histoire faite de sang, de sperme et de larmes n’est qu’un tissu de violence. Nous ne sommes plus dans l’imaginaire du repos du guerrier. Nous sommes en présence de crimes réels.

L’image des troupes américaines présentée dans ce livre n’est plus, bien loin de là, celle qui a été établie aux États-Unis par la propagande officielle, les livres, les reportages et les films. Le mythe est enfoncé et le soldat américain n’est plus ce magnifique héros généreux et dévoué, « la plus glorieuse génération qu’aucune société ait jamais engendrée. ». « Sursexués » comme les qualifiaient les Anglais. L’ouvrage présente, ici, l’étude « du crime le plus détestable » : le viol. Tout d’abord, c’est un examen systématique des types de viols commis par des soldats américains, au cours de la Seconde Guerre mondiale, au Royaume-Uni, en France (pourtant des alliés) et en Allemagne, l’ennemi à abattre. Cela nous permet de mieux connaître ce qu’étaient les victimes mais aussi leurs agresseurs et leurs raisons d’agir.

Elles sont nombreuses. D’abord, cela peut être « l’humiliation de l’adversaire mâle ». On peut aussi le considérer comme une partie intégrante de la culture militaire, comme « la promotion masculine », comme « règle de la guerre, en tant que salaire et pillage », pourquoi pas comme « élément de confort sexuel », « élément stratégique », « droit de cuissage » ou encore déviance sexuelle.

Après 1945, la liste se prolonge ; même crime dans le Japon occupé, en Corée, au Vietnam ou pendant la Guerre du Golfe. Là, ce furent les femmes de l’armée qui furent les victimes des GI’S.

Ce n’est pas un roman. C’est un document qui, parfois, pourrait vous glisser des mains. Un livre accablant qui ne doit pas nous conduire à un amalgame mais qui nous permet de nous demander ce que parfois cache la gloire.


 Publié par Jacques

Sukkwan Island, David Vann



Aujourd’hui, je vais faire court. Ce roman a été un coup de poing dans le ventre, une grosse claque et j’écris le souffle coupé (même si plusieurs jours sont passés depuis la fin de ma lecture, oui, je suis bon en apnée et puis c’est mon blog, je fais ce que je veux).

David Vann est américain, 49 ans, né en Alaska, écrivain engagé et virtuose. Sukkwan Island est son premier roman.

Un père décide d’aller vivre pendant un an sur une île en Alaska avec son fils de 13 ans. Et je n’en dirai guerre plus.

L’écriture de David Vann est sèche, violente et magnifique. J’ai plusieurs fois pensé à Jim Harrison et Cormac McCarthy. 200 pages tendues qui m’ont laissé totalement abasourdi, sourd, ému, choqué aussi.

Moi qui aime les récits amples, obèses, bavards, me disant qu’il vaut mieux qu’il y en ait trop que pas assez, j’ai débuté ma lecture en me demandant comment en 200 pages l’auteur allait pouvoir construire un roman. Après avoir fermé le bouquin, je retourne ma veste : un petit roman peut être grand et celui-ci est immense.

J’aime la littérature américaine et les auteurs de l’ouest, ceux qui racontent la nature comme un personnage, qui peignent les grands espaces à grands coups de plume où s’entremêlent des destins tragiques, des histoires violentes et des « gueules » telles qu’on en voit dans le cinéma. David Vann excelle dans cet exercice et parallèlement, c’est un excellent miniaturiste, collant ses personnages jusque dans les tréfonds les plus noires de leurs âmes, liant le tout dans un décor grandiose, terrible et glacé.

Sorte de huit-clos des grands espaces, Sukkwan Island est un immense roman, David Vann est grand, LA lecture de ces dernières années pour moi.



« A travers la ramure des arbres, il aperçut quelques étoiles pâles, mais bien plus tard, après que le ciel se fut découvert. Il avait froid et il frissonnait, son cœur battait toujours, la peur s'était ancrée plus profond, s'était muée en une sensation de malédiction, il ne retrouverait jamais la route vers la sécurité, ne courrait jamais assez vite pour s'échapper. La forêt était horriblement bruyante, elle masquait même son propre pouls. Des branches se brisaient, chaque brindille, chaque feuille se mouvait dans la brise, des choses couraient en tous sens dans le sous-bois, des craquements bien plus lourds aussi, un peu plus loin, sans qu'il sache vraiment s'il les avait entendus ou imaginés. L'air de la forêt était épais et lourd, il se fondait dans l'obscurité comme s'ils ne faisaient qu'un et se ruait sur lui de tous côtés.


J'ai ressenti cette peur toute ma vie, pensa-t-il. C'est ce que je suis. »
Publié par Lux


Poulets grillés, Sophie Hénaff




Voilà une femme, une journaliste à Cosmopolitan, Sophie Hénaff qui, pour son premier roman, Poulets grillés, obtient le Prix Polars en Séries, le Prix Arsène Lupin 2015 et le Prix du meilleur polar francophone.

Ce roman policier a pour héros incertains un groupe de flics bien particuliers, qui n’ont plus guère d’avenir, des placardisés, de ceux que l’on tient en lisière ; l’un est un « chat noir », la « Scoumoune » qui a perdu tous ses partenaires, sous les balles, les uns après les autres, l’autre, bien que de qualité, est homosexuel, celle-là s’est mise à écrire et, devenue auteur à succès, a tenu toutefois à poursuivre sa carrière de flic. Grande gueule, on la jalouse et on la craint, la peur de se retrouver dans l’un de ses romans. Tous, ont un point sensible que ce soit l’alcool, le jeu… Et le chef de groupe qui va chapeauter tout cela est une jeune commissaire attendant son possible renvoi pour bavures.

On fait de tout cela une entité. On leur octroie un local qui n’a rien d’un commissariat, des meubles de fortune, et parfois de guingois. Leur mission : centraliser les affaires non résolus, un bon moyen d’assainir les statistiques des autres groupes, les normaux. Dans son placard, notre équipe supportera tous les échecs. Et pourtant, ce sont des policiers et ils le montreront. Une police sans armes, sans moyens d’investigation, sans accès au judiciaire, sans utilisation possible des labos et avec des véhicules pourris.

Un roman qui vous prend et qui ne vous lâche plus. Un bouquin qui met du baume au cœur et que j’aimerais vous voir lire. On en reparle ?


Publié par Jacques

Le Cœur cousu, Carole Martinez



Je n’ai pas aimé ce livre. Ce livre m’a attrapée, m’a fait voyager, m’a transportée et ne m’a plus lâchée. Il m’a en quelque sorte hypnotisée.

Je n’aime pas particulièrement la couture, je ne suis pas attirée plus que ça par la culture espagnole et tout ce qui est contes, magie, surnaturel est apprécié avec parcimonie. Et pourtant…! C’est ma tante, dont je partage les avis littéraires, qui m’a prêté ce livre en me disant qu’elle avait adoré et que ce livre l’avait happée. Il a eu le même effet sur moi.

Pour moi, sa lecture est une expérience et je vous conseille ce livre pour celle qu’il recèle. C’est l’histoire d’une femme, Frasquita Carasco, et de ses enfants, l’histoire de la transmission de génération en génération. C’est l’histoire de ce que l’on a au fond de soi et de la force avec laquelle

on le déploie. Ce livre nous parle des femmes, des couleurs, de la passion… Le Cœur cousu est un concentré de vie !  

Le Cœur cousu a été publié le 8 février 2007.  Il était à l’origine titré Traversée mais a changé de nom suite à une suggestion de l’éditeur. Ce roman n’a pas connu un grand écho à sa sortie mais s’est bien rattrapé car a reçu depuis  8 prix dont le Premier prix du Festival du Premier Roman de Chambéry 2007, le prix Emmanuel-Roblès 2007 et le prix Renaudot des lycéens 2007.

Carole Martinez est née en Moselle en 1966 et exerce le métier de professeure de français. Elle a écrit un deuxième roman Du domaine des Murmures nommé au prix Goncourt des lycéens 2011, que je vais lire très prochainement.



Publié par Coraline

Rosy & John, Pierre Lemaitre




Une bombe explose à Paris. Un échafaudage est pulvérisé. Très rapidement, la police en découvre l’auteur. Ce n’est pas l’acte d’un terroriste. Le responsable, un jeune homme, John Garnier qui récupère, dans l’est, les obus datant de la Grande Guerre qui, avec le temps, remontent à la surface. Il n’est pas nécessaire de le chercher longtemps. Il se livre à la police qu’il informe du dépôt, par ses soins, de six bombes ayant pour objectif six écoles maternelles. Tout cela pour obtenir la mise en liberté de sa mère, emprisonnée pour avoir tué sa petite amie. Paradoxalement, il veut s’enfuir avec elle vers l’Australie et demande pour cela cinq millions d’euros.

Ces bombes exploseront au rythme de une par jour si sa mère, meurtrière de sa petite amie et emprisonnée, n’est pas libérée. Il demande en outre la possibilité de s’enfuir avec elle en Australie avec cinq millions d’euros. Pour mener cette négociation, il demande, face à lui, Camille Verhœven, lui et lui seul, le policier de un mètre quarante cinq que Pierre Lemaître présente ici dans sa quatrième affaire.

Pierre Lemaître, magistralement, rend palpable l’angoisse des responsables conscients des possibles retombées meurtrières. Et l’homme, sachant posséder des cartes maitresses, ayant tout calculé, ne concèdera rien, ni à la violence, ni aux sentiments. Tout cela pour une mère ayant assassiné son amour. ? Il vous faudra atteindre la fin de ce court mais fascinant roman pour juger du poids de l’amour dans la haine. 

Heureusement, Camille Verhœven est là !


 Publié par Jacques

Purgatoire des innocents, Karine Giébel



Karine Giébel est née à La Seyne-sur-Mer en 1971, dans le Var. Après des études de droit elle obtient une licence et, après différents emplois elle est actuellement juriste dans la fonction publique territoriale. Huit de ses romans ont été publiés, plusieurs ont été primés, certains à plusieurs reprises. C’est un auteur de romans noirs, ou, comme l’on dit, de thriller psychologique. Ses romans sont traduits en 9 langues : allemand, italien, néerlandais, russe, espagnol, tchèque, polonais, vietnamien et coréen.

Tout au long des 437 pages de ce livre, emmagasinant la noirceur du récit, je me suis souvent demandé : « Jusqu’où ira-t-elle ? ». Toujours bien écrit, sans vulgarité mais alors d’une noirceur… d’enfer !

Et j’ai dévoré ce roman.

Suis-je normal ?




                                                   
                                                             

 Publié par Jacques