Fin de mission, Phil Klay



Phil Klay, âgé d'à peine trente ans, est vétéran du corps des marines, pour lequel il a servi dans la province irakienne d'Anbar de janvier 2007 à février 2008. Son premier livre, Fin de mission, est un recueil de douze nouvelles. Best-seller aux États-Unis, il a été couronné par le prestigieux National Book Award en 2014.

Captivé par la lecture des 12 nouvelles que nous présente ce livre, j’ai retrouvé le malaise que l’on découvre si souvent dans les productions américaines tant au niveau littéraire que dans l’exploitation cinématographique : L’impact de la guerre et ses dommages post-traumatiques. Nous sommes ici en présence de combattants ayant opéré en Irak, non pas en envahisseurs mais, sans aucun doute, en intrus.

La grande question que l’on peut se poser, tout au long des récits proposés, est de comprendre si ces jeunes engagés dans les marines, la plupart ayant moins de vingt ans, sont les tueurs que souhaiteraient leurs chefs ? Pour eux, en fait, ainsi que le souligne l’auteur :

« La guerre c’est 99% d’ennui absolu et 1% de pure terreur. Mais une sorte de terreur secondaire qui se mêle à l’ennui. C’est donc plutôt 50% d’ennui et 49% de terreur ordinaire, qui n’est que le sentiment général que vous pourriez mourir à tout instant et que tout le monde dans ce pays veut vous tuer. »

En fin de lecture, on peut comprendre que l’un des leurs ait pu scandaliser un civil ressentant du respect à son égard lorsqu’il lui déclarait :

« Je ne veux pas du respect pour ce que j’ai traversé, je veux que tu sois écœuré. »

Écœuré encore par ces projets prévus, par le monde politique, pour l’après-guerre, qui ne pourrons se réaliser mais qui verront couler les dollars à flot en bakchich, ou pour des constructions illusoires ou inutiles.

Phil Klay sait nous dépeindre le trouble de stress post-traumatique dans ses différentes phases en nous permettant, toutefois, de retrouver le sourire, en rencontrant des stations d’épuration d’eau illusoires, des centres de réunions fantômes mais couteux ou des pelouses plantées en plein désert, véritables tapis de dollars… Mais il est vrai que cette guerre d’Irak était initialement bâtie sur un mensonge…

 Une écriture nette, précise qui, indépendamment des effluves d’alcool, persistantes en arrière-plan, nous instille le désarroi de ces hommes qui, au-delà des médailles, pourront parfois chercher le repos dans le suicide.



Publié par Jacques

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